Life and Style

Etre domestique au XVIIIe siècle

Sous l'Ancien Régime, une famille aisée disposait d'une importante domesticité. De la femme de chambre à la cuisinière, en passant par le majordome, les différents valets, la gouvernante, tout un monde gravitait autour des maîtres de maison. Si certains d'entre eux, de par leur fonction, partagent l'intimité de leur employeur, d'autres ne le côtoient jamais...

être domestique au XVIIIe siècle

William Hogarth (1697-1764) - Heads of Six of Hogarth's Servants

Domestiques et domestiques

Il existe une hiérarchie entre les membres du personnel, selon qu'ils exercent des tâches intellectuelles - comme l'intendant, le secrétaire, le précepteur, l'aumônier... - ou manuelles. On parle de haute domesticité pour les premiers. Jean-Jacques Rousseau lui-même dut porter la livrée quand il était à Turin. Cette catégorie de domestiques était privilégiée et mieux traitée que les autres. Certains se retrouvaient proches du pouvoir - par exemple, les valets du roi - et étaient de ce fait intouchables. Les membres de la "maison" d'un grand seigneur - et a fortiori de la famille royale - étaient d'ailleurs des aristocrates. 

Cependant, pour la majorité des domestiques, les conditions de travail étaient difficiles, notamment au sein de la bourgeoisie où ils étaient moins nombreux. Au XVIIIe siècle, aucun contrat écrit ne les protège. Le contrat est fixé oralement au moment de l'engagement. Les domestiques sont alors considérés comme des mineurs. Leur maître est leur père et peut les représenter en justice. Les peines qu'ils encourent pour de menus larcins peuvent être lourdes. 

Ils ne sont pas très bien payés, mais ils ont l'avantage d'être logés, nourris et blanchis. 

Les lieux de la domesticité

C'est à partir du XVIIIe siècle que les châteaux et les hôtels particuliers s'adaptent aux nécessités du travail domestique. Un réseau de couloirs, d'escaliers, de portes dérobées est parfois mis en place pour dissimuler les va-et-vient du personnel de maison aux yeux des maîtres et des invités. Un ingénieux système de sonnettes permet au majordome de répondre aux desiderata de ses employeurs. On peut en voir un aperçu dans la célèbre série Downton Abbey qui aborde la vie d'une famille aristocratique anglaise dans les années 1912.

Plus tard, lors de la révolution, suite à la fuite des nobles à l'étranger, nombre de domestiques perdent leur travail. Heureusement, l'essor de la société industrielle au XIXe siècle crée une nouvelle demande chez les bourgeois (médecins, banquiers, commerçants, etc.). C'est à cette époque que se développent dans les immeubles parisiens les chambres de bonnes, dans les combles, petites et inconfortables, pour héberger les domestiques.

Personnellement, j'adore la thématique des rapports entre maîtres et valets, et c'est un sujet que j'ai développé, dans une certaine mesure, dans mon dernier projet d'écriture, une romance historique (sortie à venir, date encore indéterminée). L'intrigue du roman se déroule en Angleterre, au XVIIIe siècle. Elle met en scène une héroïne ayant réellement existé et dont le destin fut extraordinaire. Mais je vous en dirai plus une autre fois... ;-)